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Plainville, histoire  
d’un village de Picardie 

  

Le château 

Comment évoquer l’histoire de notre village sans détailler le monument qui en a fait la grandeur et la magnificence ? 
  
Après cependant avoir précisé que, avant d’être nommé Plainville, notre commune s’est appelée Peleevilla au XIIe siècle, puis Plenivilla et Pelevilla en 1178, mais également Péléeville en 1189. 
Avant la Révolution, elle dépendait de l’élection et du baillage de Montdidier et du doyenné de Davenescourt, ayant été chef-lieu de canton sous le Premier Empire. 
La présence à ses alentours et sur son sol de silex de diverses monnaies témoigne de son existence ancienne, ce que confirment les briques et tuiles romaines donnant à son sol une apparence rougeâtre. 
  

On ne peut d’ailleurs, dans un premier temps, parler que d’un domaine, plutôt que d’un château, puisque seul un manoir fortifié est cité avant que ne soit mentionnée, en 1586, la date de construction – par Charles de Monchy, seigneur d’Hocquincourt, maréchal de France et intendant des villes et châteaux de Péronne, Montdidier, Roye et Ham - de ce que fut le fameux château de Plainville. 
C’était une vaste construction, vers laquelle menait une avenue de 500 mètres de long, composée d’un corps principal de logis, précédé d’une terrasse et de deux pavillons, le tout étant couvert d’ardoises. Les matériaux étaient des pierres et des briques. L’ensemble mesurait 41,33 mètres de long, 8,66 mètres de large et 10 mètres de hauteur. 
En retour d’angle, attenant au château, se trouvait à gauche un pavillon en pierres et briques également, lui aussi couvert d’ardoises, de 9 mètres de long et 6,66 mètres de large. 

Le principal corps de logis 

Le principal corps de logis et le pavillon comprenaient en sous-sol une cuisine carré de 49 m2 de superficie, voutée, en pierres et briques, avec une colonne au milieu, un four à pâtisseries et un fournil. 
Hormis deux escaliers de service, un grand escalier voûté de 27 marches, en pierres de taille de 1,50 mètre, conduisait au rez-de-chaussée, au niveau de la terrasse. Là se trouvait une immense salle à manger carrelée en petits carreaux et éclairée par quatre ouvertures donnant sur le parc. Vu sa grandeur, elle fut ensuite séparée en deux parties et équipée d’un poêle chauffant les deux parties. 
Au rez-de-chaussée, étaient présents deux cabinets, une antichambre et deux salons (un d’été, un d’hiver). Un escalier de service aboutissait à une chambre de domestique, située dans l’entresol. 
Le grand escalier voûté conduisait au premier étage, lequel était formé d’un corridor, d’une garde-robe, de cinq grandes chambres de maîtres, auxquelles conduisait un escalier particulier. Un autre escalier menait aux chambres de domestiques. 
Au second étage se trouvaient un corridor de trente mètres de long sur 1,54 mètre de large, éclairé par cinq croisées, mais aussi six chambres et une salle de billard. Outre l’escalier principal, de pierre de haut en bas, trois escaliers de bois conduisaient de cet étage au grenier. 
  

Les pavillons 

Le pavillon de droite, en entrant par le grand perron, était ainsi composé : 

  • en sous-sol une fruiterie 
  • au rez-de-chaussée, au niveau de la terrasse, un vestibule, une salle, deux  petits réduits et l’escalier 
  • à l’entresol une chambre de domestique 
  • au premier une chambre de maître et un réduit 
  • dans les mansardes un corridor et trois chambres, éclairées chacune par   un œil de bœuf. 

Le pavillon de gauche, faisant pendant à l’autre, était ainsi édifié : 

  • au sous-sol une buanderie 
  • au rez-de-chaussée un vestibule, une chambre de maître, une salle de bains et un cabinet sous l’escalier 
  • à l’entresol une chambre de domestique 
  • au premier étage une antichambre et une chambre de maître 
  • dans les mansardes trois chambres  

Le perron 

Construit en briques et pierres, le perron se composait d’un escalier de douze marches aboutissant à un premier palier, puis d’un double escalier de douze autres marches. Il formait le rez-de-chaussée du corps de logis et de ses pavillons. Deux grilles de fer séparaient la terrasse du perron, au-dessus. Tandis qu’au-dessous se trouvait une cave en briques, voûtée, de 19,33 mètres sur trois mètres. 
  
Le château avait été conçu en résidence d’été, comme le prouvent toutes les pièces carrelées, permettant d’entretenir plus facilement la fraîcheur. Des différents étages du château, la vue s’étendait au nord-est de Montdidier, sur la montagne et le village de Boulogne-la-Grasse, la ferme de Lamorlière, Maignelay-Montigny et même Coivrel. 

La décoration 

Outre les bâtiments et leur agencement, la décoration prenait une place importante. A en juger par la présence d’un tableau peint sur bois par Van-Ostad, de 24 pouces de large sur 18 de hauteur, représentant une accordée de village (scène où un notable accorde la main de sa fille à un prétendant), qui provenait du cabinet de Pajot de Mercheval, intendant du Dauphiné et doyen du Conseil d’Etat. 
D’autres pièces étaient remarquables, tel celui d’un berger ramenant son troupeau dans une cour sombre. Œuvre de pur style Flamand, signée de A. Gryef. Notables aussi le Roi Lear de Fusely, la collection des ports de Vernet, etc. 
Présente également cette superbe pendule, faite avec les plus beaux bois d’Amérique, qui exécutait chaque demi-heure les airs les mieux choisis. 
  

Les dépendances 

A l’entrée de la cour d’honneur étaient érigés deux petits pavillons en briques et pierre, de 5,33 mètres en tous sens, couverts en ardoises. Celui de droite était réservé au menuisier, celui de gauche au maréchal-ferrant. Seul ce dernier subsiste encore. 
La grande porte de cette cour, en grilles de fer, était accompagnée de deux grilles latérales, retenues avec un mur en risques et pierre, ouvrant sur une avenue devenue depuis du pâturage. 
A côté de cette habitation princière se voyaient les bâtiments de la ferme et de la maison du régisseur, à laquelle était accolée une tourelle de pierre comportant un escalier de 49 marches menant à l’horloge. 
D’importantes remises, de 40 mètres de long sur 8,66 mètres de large étaient et 5,66 mètres de haut étaient présentes. De même que des écuries de 62,11 mètres de long, sur 7,66 mètres de large et 5,66 mètres de haut, ainsi que des écuries plus modestes, une orangerie, une serre chaude, des étables à porcs et vaches. Mais aussi des granges de 43 mètres de long sur 9,66 de large et 5,33 mètres de haut, avec une laiterie rafraîchissant l’eau courante, rappelant en miniature celle de Chantilly. Au rez-de-chaussée il y avait une buanderie et un fruitier, en mansarde une farinière, entouraient la basse-cour et deux mares. Autour desquelles 18 bornes de grès supportaient une balustrade de fer de 39,33 mètres de long. 
Derrière ces bâtiments se trouvait une cour plus petite, avec colombier, un hangar et deux serres, donnant sur un verger potager d’un hectare et 61 ares, avec une melonnière. De l’autre côté du château, existant encore, étaient construits un pressoir et un cellier, de même qu’un second potager d’un hectare et 29 ares. A savoir qu’un troisième verger, d’un hectare et 73 ares, situé près du jeu de battoir, à l’Est du village, a complètement disparu. 
Les constructions des communs existent encore, pour l’essentiel, composant ce qui est appelé, à Plainville, « La ferme ». 
  

Le parc 

A côté du château, un petit parterre, avec jet d’eau, était séparé du parc par une grille et une porte à double battant., livrant passage du verger-potager sur le parc. 
Un parc qui, selon Graves, aurait été dessiné par Le Nôtre. Il s’étendait sur 10 hectares et 49 ares, planté de chênes, charmes, tilleuls et autres essences, dont des pommiers, en taillis et hautes futaies, présentant la grandeur, la majesté et la monotonie de nos plus beaux jardins à la Française. 
Outre une glacière, on rencontrait en ce lieu un pavillon de forme ronde, en pierre et en grès, de 10 mètres de diamètre et 4,33 mètres de hauteur. Il abritait deux puits très profonds, munis chacun d’une poulie. Dans un manège, un cheval animait les rouages de cet appareil, déversant l’eau dans deux cuvettes de plomb. 
Un escalier extérieur de 20 marches donnait accès au grenier de ce bâtiment. 
A côté des puits, un grand réservoir était construit, en briques et ciment, mesurant 12,66 mètres de long, 8,66 mètres de large et 1,66 mètre de haut. De là, l’eau venant des puits était distribuée par des conduits de plomb dans les appartements du château et les jardins. Ont été employées près de quatre mille livres de plomb, en cuvettes, réservoirs et tuyaux. 
Le grand réservoir était entouré d’une grille de fer scellée sur un massif de grès, servant de garde-fou. L’ensemble de cette puissante installation hydraulique, où devaient se trouver une animation de fontaines, de jeux d’eau et de cascades, était dûe à Joseph Pellerin, propriétaire du château à partir de 1761 
A chaque extrémité Nord du parc se trouvait un pavillon en briques et pierre, de 6,33 mètres de long, 4,66 mètres de large et 6,33 mètres de haut. Dans chacun d’eux, le rez-de-chaussée comprenait une salle et la cage d’escalier, alors que l’étage se composait d’un appartement et d’un cabinet. 
Le pavillon du Nord-Ouest était nommé pavillon de Sérévillers, celui du Nord-Est pavillon de Broyes. De là, on découvrait les terres de Sérévillers, Broyes et du Cardonnois, qui constituaient une partie du domaine de Plainville. 
Un domaine qui, en 1826, comportait 37 hectares et 73 ares sur les terroirs de Plainville et Broyes, ainsi que 273 hectares et 6 ares de bois, répartis dans les communes de Plainville, La Hérelle, Sérévillers et Broyes. 
Peu de choses demeurent de cet ensemble seigneurial, qui a d’abord été détruit en 1833 par la Bande Noire (des spéculateurs avides de biens mal acquis) après la Révolution, puis atteint par les obus allemands en 1918. Seul un tertre, situé à proximité de la ferme, indique la place corps principal de logis du château et de sa terrasse. Le parc a été entièrement ravagé et les bois constituant la forêt de la Hérelle défrichés au tiers. 
 

                                                                                                                                                                                Lucien Djani


                                                    Histoire de Plainville

                                                                                     Deuxième partie
 
Plainville, notre village, était autrefois habité par une majorité de bûcherons et d’agriculteurs.
Les terres labourables occupaient 280 hectares, les bois 106 hectares, les jardins potagers 10 hectares, les vignes 9 hectares, les routes et chemins 7 hectares, les propriétés bâties 5 hectares, sur une surface totale de 425 hectares.
 
La population a sensiblement baissé au fil des ans. Avant l’incendie du village par les Espagnols, en 1636, elle était de 327 habitants, en 1881 240 habitants, en 1901 196 habitants, en 1921 158 habitants, en 2011 173 habitants et, actuellement, en 2025, de 169 habitants.
 
Avant que ne soit construit le château devait exister un manoir de belle facture, dont aucun document hélas n’atteste la présence, encore moins l’importance.
Ce que l’on sait avec certitude : en 1178, Robert de la Tournelle fit présent au prieuré de Notre Dame de Montdidier des biens qu’il possédait à Plainville.

Les propriétaires du château

 
Au fil des siècles, cette demeure seigneuriale est passée par diverses familles, qui la firent évoluer au gré de leurs envies et de leurs fortunes…

La famille de Trie

Au XIIIe siècle, la seigneurie de Plainville appartenait à la famille de Trie. C’était une grande famille de la chevalerie française du Moyen-Age, issue des Comtes de Beaumont-sur-Oise et des Vicomtes de Chaumont-en-Vexin, propriétaires d’une majeure partie du luxuriant et fertile Vexin. Leur blason était d’or, avec bande d’azur. La famille de Trie tirait son nom du village de Trie-en-Vexin (devenu Trie-Château), proche de Gisors.
Un cadet de cette famille, Guillaume de Chaumont, hérita vers 1119 de la terre de Trie, puis épousa Marguerite de Gisors, faisant siennes les terres de la jeune mariée, qui lui donna aussi quatre enfants. Le château de Trie, berceau de la famille, devenu la mairie de Trie-Château, fut mis à la disposition de Jean-Jacques Rousseau en 1767.
Lors de la Septième croisade, le roi Saint-Louis fut fait prisonnier durant la bataille de Fariskur, en Egypte, le 6 avril 1250. C’est Jacques de Trie qui paya la rançon au nom du roi, consistant à céder 120 arpents de bois dans la forêt royale d’Arthies (Val d’Oise). Sa richesse était considérable, l’une des plus immenses du royaume. Il possédait des biens dans le Vexin, le Beauvaisis, l’Ile-de-France, à Amiens, à Paris, en Charente, en Touraine, à Rouen et à Alençon, entre autres. Il épousa Catherine de Florigny le 20 février 1403, qui lui donna sept filles. Il mourut le 5 octobre 1432.
Un de ses descendants, Mathieu 1er de Trie, fils de Regnault de Trie, devenu le premier seigneur de Plainville, était alors chambellan (chargé du service de la chambre du roi) et panetier (chef du service de bouche). C’est à lui qu’est due la fondation de la chapelle de Plainville, confiée en 1315 à son petit-fils, Mathieu III de Trie, après confirmation royale de Louis X, dit le Hutin.

La famille d’Estourmel

La seigneurie passa ensuite à la famille d’Estourmel, originaire du Cambrésis, dont il faut saluer la belle conduite de Raimonbold Creton d’Estourmel, durant la Première croisade, notamment lors du siège de Jérusalem, le 15 juillet 1099, où il fut le premier à pénétrer dans la ville.
 
Antoine d’Estourmel, né en 1555, est inhumé au cimetière de Plainville au milieu de ses ancêtres. Il était chef de la branche de Plainville, chevalier de l’ordre royal de Saint-Michel et gentilhomme de la chambre royale. Il fut l’un des 200 gentilhommes qui signèrent la ligue, à Péronne, le 13 février 1577. Il fut député – pour la noblesse – du bailliage de Péronne-Montdidier-Roye, aux Etats-Généraux de Blois, en 1578.
 
Il épousa, le 27 octobre 1575, Anne-Suzanne d’Espinay de Saint-Luc, puis Marie de Canaye. De ses premières noces naquit Charles d’Estournel, en 1576. Celui-ci devint Maître de camp de mille hommes à pied, gouverneur de Corbie, capitaine de la compagnie écossaise et des gardes, conseiller d’Etat, seigneur de Plainville, Broyes et Coullemelles. Il commanda les arquebusiers à la prise de Ham en 1595, se distinguant particulièrement au siège d’Amiens en 1597.
 
Par acte de mariage en date du 7 juin 1599, il épousa Anne Gobelin. Il fut élu, comme son père avant lui, député -pour la noblesse – du bailliage de Montdidier-Péronne-Roye aux Etats Généraux de Paris, en 1614. Il fut aussi président de la Chambre des comptes de Paris. Il mourut sans enfant en 1618 et légua par testament tous ses biens à sa sœur, Anne d’Estourmel, exprimant lui aussi sa volonté d’être inhumé au cimetière de Plainville.
 
Anne Gobelin, sa veuve, légua à l’église Saint-Michel de Plainville une rente de trente livres. Cette femme appartenait à la célèbre famille de teinturiers Gobelin, qui donna son nom à une fameuse manufacture.
Un autre descendant de cette famille fut le marquis de Brinvilliers, dont les terres de Brunvillers-la-Motte étaient siennes. Il était l’époux de Marie-Madeleine-Anne Dreux d’Aubray, dite marquise de Brinvilliers, plus connue sous le nom de “l’Empoisonneuse”, sous le règne de Louis XIV. Elle fut décapitée et brûlée sur la place de Grève, à Paris, le 16 juillet 1676, à l’âge de 46 ans.

La famille de Monchy

Celui qui devint le nouveau maître de Plainville, Charles de Monchy, marquis d’Hocquincourt et Sénarpont, est né en 1599 à Paris. Il épousa à Calais Eléonore d’Estampes le 7 novembre 1628. Il fut gouverneur de Montdidier-Péronne-Roye en 1636 et fait Maréchal de France le 5 janvier 1651. Frivole, inconstant, d’une ardeur inconsidérée, il fut entraîné par des factieux et fut tour à tour dévoué et rebelle au roi.
Après s’être illustré dans différentes campagnes contre les Espagnols, sous Louis XIII, notamment dans la ville hispanique de Lerida (Catalogne) en 1642, il fut tué le 3 juin 1658, sous les murs de Dunkerque, alors assiégé par les troupes royales. Ayant au dernier instant de sa vie manifesté son regret d’avoir pris le parti des rebelles, il lui fut quand même accordé d’être inhumé dans la chapelle Notre-Dame de Liesse, à défaut de mourir à Plainville, comme il en avait manifesté l’impérieux désir.
 
Eléonore d’Etampes, son épouse, vécut dans le domaine familial, où elle rendit son dernier soupir le 27 mai 1679, à l’âge de 72 ans. Elle avait eu huit enfants, dont sept moururent de son vivant.
 
Georges de Monchy, seul survivant de cette lignée, succéda à son père dans le gouvernement de Montdidier-Péronne-Roye. En 1660 il épousa Marie Bolé et fit embellir le château, dont le parc aurait été dessiné par le célèbre Le Nôtre. Il mourut à Plainville le 25 décembre 1684, entre huit et neuf heures du matin de Noël.
Son fils étant mort, c’est sa sœur, Marie-Madeleine-Geneviève de Monchy, qui hérita de tous ses biens. En 1695, elle épousa Antoine de Pas, marquis de Feuquières, lieutenant général des armées du roi, gouverneur de Verdun et colonel du régiment de Rambures.

La famille de Monceaux d’Auxy

 En 1715, pour une brève période, le château fut vendu, ainsi que les terres de Plainville, Sérévillers et Broyes par Madame de Monchy, veuve d’Antoine de Pas, à Jacques de Monceaux d’Auxy, issu d’une vieille famille noble française. Elle tire son nom de la commune d'Auxi-le-Château (Pas-de-Calais). Divisée en plusieurs branches au fil du temps, cette grande famille, alors considérée comme étant l’une des plus grandes du royaume,, compte dans ses rangs plusieurs hauts dignitaires militaires et politiques s'étant distingués au service des rois de France, des ducs de Bourgogne et de l'Église.
 
Jacques de Monceaux d'Auxy, dit le marquis d'Auxy, était capitaine au régiment des Gardes françaises, chevalier de Saint-Louis et chevalier du Saint-Esprit. Sa fille, Anne-Madeleine-Françoise d'Auxy de la Grange de Monceaux née en 1721, épousa André-Hercule, duc de Fleury et fut Dame du palais de la Reine en 1739.

La famille de Luzan

En 1717, Jean Sabot de Luzan fit l’acquisition du château et obtint de l’évêque d’Amiens la permission de transférer le cimetière, qui se trouvait devant le château, au lieu où il se trouve encore aujourd’hui. En 1680, il avait acheté les terres du Cardonnois à Claude-Louis Vaquette, conseiller du roi au Grand Conseil, qui en était le seigneur.
 
Auparavant, Jean Sabot était drapier à Lyon depuis 1662, remplacé par son fils Louis en 1683. Il se disait sieur du Pivolay, en Bourgogne et fut élu quatrième échevin de cette ville, se voyant délivrer un certificat de noblesse en 1702. Il était l’époux de Françoise de Laudran, comtesse de Lamarck et mourut dans son château de Plainville.
 
Une autre branche de cette famille, portée par François Sabot de Sugny, acheta la seigneurie de la Collonge (Rhône) le 28 décembre 1736, une autre encore s’établit à Paris.
L’origine géographique de cette famille est l’Ukraine. En France, on trouve des branches dans la région parisienne et en Haute-Saône.

La famille Pellerin

En 1761, Joseph Pellerin, lieutenant-général de l’Amirauté au Cap et intendant général des armées navales, né à Marly-le-Roy (près de Versailles) le 27 avril 1684, fit l’acquisition des terres de Plainville, Sérévillers, Broyes et Le Cardonnois, vendues par la comtesse de Lamarck. Il eût toutefois à s’acquitter de la somme de 9 000 livres, versée au roi au titre de droits seigneuriaux.
 
Né en 1684, il s’était marié, le 2 février 1714, à Versailles, à Marie-Anne de Lalande. Il ajouta au château de magnifiques dépendances. Outre sa langue natale, il connaissait parfaitement l’anglais, l’espagnol, l’italien l’hébreu, l’arabe et le syriaque. Ce qui lui avait valu d’être engagé aux bureaux de la Marine en 1706, en qualité de secrétaire de cabinet, où il finit Premier commis.
 
Numismate averti et amateur de curiosités diverses, il peut être considéré comme le pionnier de la science numismatique. Sa collection personnelle de médailles était exceptionnelle, forte de 33 500 pièces. Si coûteuse qu’il fût contraint de la vendre au roi Louis XVI, pour la somme de 300 000 livres. Ce dernier lui en laissa néanmoins jouir jusque sa mort, à Paris, le 30 août 1782. Ces monnaies constituent encore aujourd’hui l’une des plus belles collections de la Bibliothèque Nationale, à Paris.
 
Joseph Pellerin eut deux filles : Marianne et Suzanne. Son petit-fils, Arnaud de Laporte, brièvement ministre de la Marine et courtisan de Louis XVI, fut décapité le 23 août 1792.
 
Joseph Pellerin mourut - quasiment aveugle depuis des décennies - le 2 août 1783, presque centenaire. Le 15 décembre 1783, ses biens furent attribués à sa fille aînée, Marianne Pellerin de Plainville, devenue Madame Doroz.

La famille Bayard

Le domaine de Plainville, mis en vente par son héritière, fut acquis en 1790 par André-Joseph Bayard, magistrat de formation, lieutenant-général de l’Amirauté au Cap et chevalier de l’ordre de Saint-Louis, né à Saint-Domingue le 25 février 1754 (où il était l’un des plus riches colons !), décédé à Paris le 5 janvier 1820. L’achat fut fait pour le compte d’une communauté de biens, à laquelle appartenait son épouse, Marie-Félicité-Brigitte Fage. Leur mariage avait eu lieu le 26 avril 1784, au Cap, à Saint-Domingue.
 
André-Joseph Bayard fut maire de Plainville, député de l’Oise et membre du Conseil des Cinq Cents en 1796. Il fut fait Chevalier de Saint-Louis, puis Officier de la Légion d’Honneur par le roi, le 17 août 1814.
Pendant la Révolution, ses biens furent confisqués jusqu’à la chute du Directoire. Il fut contraint de se réfugier à Maignelay, dans un manoir appelé Saint-Amand, chez le sieur Caullier. Il put ensuite récupérer son domaine et combla de largesses la population de Plainville, dansant avec les villageois et leur offrant le Jeu de Paume.
 
Mais les terres de Plainville étaient fort coûteuses à entretenir. Privé des revenus générés par les domaines de Broyes, Le Cardonnois et Sérévillers, il dut se résoudre à se séparer de ses biens. Il décéda le 5 janvier 1820 et fut inhumé au cimetière du Père Lachaise, à Paris.
La propriété fit l’objet de plusieurs contrats de vente et, le dimanche 8 octobre 1826, eut lieu la vente mobilière du château et de la ferme de Plainville.
 
Le château et le parc furent démantelés, détruits, vers 1833, par la Bande noire, dans de détestables conditions…
 

Ce qu’était la Bande noire

La Bande Noire était une association de spéculateurs peu scrupuleux qui, sous la Révolution française et longtemps après la Restauration, suite à la mise sous séquestre des biens du Clergé et de la noblesse émigrée, s'entendaient pour acheter à faible prix les châteaux, abbayes, monuments d'art les plus précieux, dans le but de les occuper ou de les démolir, voire d'en vendre les matériaux, les décorations intérieures, les ferronneries et les terres démembrées.
Ce qui relevait, en 1789, d’une décision de l’Assemblée Constituante, fut en fait dévoyé, exploité financièrement et crapuleusement par certains proches du pouvoir révolutionnaire, qui profitaient de l’instabilité politique et de l’insécurité ambiante régnant à l’époque. Pour qui était au fait de la chose financière, il était aisé d’empocher de gros gains en utilisant de faux assignats. Beaucoup de ces exploiteurs étaient des notaires et autres marchands qui, sous des noms d’emprunt, revendaient ces biens mal acquis à des paysans, réalisant de juteuses opérations sur leur dos.
De nombreux témoignages font état de manœuvres d'intimidation de certains citoyens sur d'autres, si bien que les mécanismes d'acquisition furent faussés, voire inexistants…
Ce fut le cas pour de vastes domaines abbatiaux, des monuments historiques, des églises et même… le château de Plainville !
 
                                                                                                                                                                        Lucien Djani